THE BREATHING PROCESS

Process of the (Un)dead...



Formés principalement dans l’Etat du Connecticut en 2003 dans un style plutôt Metalcore, les Américains de The Breathing Process récidivent déjà avec leur second opus intitulé Odyssey : (Un)dead. Réussissant à créer leur propre univers, ces derniers distillent à présent un savant mélange de Black Metal symphonique et de Death Metal, à la fois brutal, sombre et mélodique… Après un premier album remarqué, paru en 2008, ils arrivent à s’extirper de cette scène U.S. qui ne jure actuellement que par le Deathcore en puisant leur source auprès de leurs influences musicales européennes et américaines. Et l’apport de claviers, créant de véritables atmosphères, leur permet de personnaliser progressivement leur art parfois très spirituel… Faisons plus ample connaissance avec cette formation en devenir.

Interview parue également dans le Metal Obs' 40 de mai 2010

Entretien avec Sara Loerlein (guitars, chant) & Jordan Milner (guitars, chant) – Par Seigneur Fred
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Votre premier album, In Waking : Divinity, est sorti il y a deux ans à peine. Vous semblez être un groupe plutôt productif et inspiré car voici déjà votre nouvel album ! Qu’est-ce qui vous inspire ainsi et comment avez-vous écrit et composé ces nouvelles chansons ?
Jordan : Eh bien, nous écrivons constamment, même maintenant, nous avons commencé à travailler sur notre prochaine sortie et notre dernier album sort tout juste en effet ! Ce qui a principalement inspiré l’écriture pour le nouvel album, c’est la corrélation entre nos vraies vies et nos véritables émotions avec notre marche avec la nature. La nature maintient le tout dans un délicat équilibre. Nous, en tant qu’êtres humains, sommes très sensibles et attentifs à cela, et nous avons pensé que ça serait un formidable défi à relever d’essayer d’interconnecter notre perspective sur la Terre et l’humanité à travers la musique que nous jouons. Nous avons écrit en grande partie cet album quand nous étions chez nous, de retour de notre dernière tournée, et là nous avons eu environ six mois pour nous poser avant d’entrer en studio. On a des morceaux écrits durant la période où l’on a tourné pour In Waking : Divinity mais c’est vraiment à la maison que l’on s’est attelé à travailler sur cet album. Alors, une fois que nous sommes allés en studio, on a perfectionné les derniers 10% des nouveaux morceaux qu’il restait à finir.

Vous vivez aux USA, plus précisément dans deux Etats : le Massachusetts et le Connecticut. Comment est la scène Metal par chez vous ?
Sara : Pour éclaircir cela, aucun de nous n’est désormais dans le Massachusetts. John y a grandi là-bas, mais le groupe a toujours été principalement basé dans le Connecticut. Personnellement, je vis à Pittsburgh, en Pennsylvanie.
Jordan : La scène Metal en Nouvelle-Angleterre est pas mal pour ce qu’elle a l’habitude d’être, mais c’est toujours mieux que rien. Nous avons l’une des scènes les plus violentes d’Amérique, et quand bien même, en tant que jeunes professionnels à qui il faut venir botter le cul pour se remuer parfois, on a toujours été assez fier de notre scène régionale que l’on qualifie de « violente »… (rires)
Sara : Pittsburgh possède beaucoup de groupes de grindcore underground, mais c’est presque tout. Je n’ai pas passé assez de temps récemment à Pittsburgh pour y observer la scène là-bas. J’ai été pas mal sur la route avec le groupe suite à mon arrivée. Mais je suis tout à fait d’accord avec le fait que l’on qualifie de “violente” cette nouvelle scène ici, en Nouvelle-Angleterre, je me sens mal pour les gamins parfois, tellement ils s’en prennent plein la gueule en concert (rires ) ! Mais je suppose que la musique les empêche de s’entretuer dans la vie et les rend meilleurs d’une certaine manière.

Est-ce facile de tourner et de promouvoir votre musique dans votre pays parce que le Metalcore, le Deathcore ainsi que le Thrash Metal, avec ce revival actuel, sont plutôt à la mode ces derniers temps, non ?
Jordan : Le Deathcore est partout ici !!! Ça me rend malade ! Ce n’est pas que tous les groupes de Deathcore d’ici soient mauvais ou quoique ce soit, il y en a d’ailleurs d’assez bons. Mais il semble que personne n’essaie vraiment de faire son trou, de s’émanciper en gravant son propre nom. Chacun se contente juste de copier et d’être la parodie d’un autre. Bien que l’on nomme et que l’on étiquette cela "Deathcore" d’une manière ou d’une autre, nos influences sont, à l’origine, les grands du Death Metal, comme Morbid Angel, Death, et Suffocation. Ce sont eux qui nous ont apporté véritablement nos influences et nous ont fait connaître le Death Metal, et c’est une honte que ces jours-ci les jeunes n’essaient même pas d’explorer davantage cela, et tous ces groupes majeurs sont toujours là d’ailleurs maintenant et doivent encore dégager toute cette « merde » de groupes à la mode et les virer de là.

THE BREATHING PROCESS

Vous êtes donc de retour avec ce second album baptisé Odyssey : (Un)Dead. Le précédent, In Waking : Divinity, était déjà plus ou moins un concept album, basé sur le personnage d’Antigone. Est-ce que le nouveau en est un également ? Et y a-t-il un lien peut-être avec L’Odyssée du poète grec Homère ?
Jordan : Ouah ! J’admire ton attention sur ce point !! Vraiment ! Odyssey est un concept album en effet, mais n’a rien à voir avec le livre d’Homère. In Waking (…) n’était pas complètement basé sur Antigone ; en fait, nous avons utilisé Antigone comme une métaphore. Le personnage dans notre histoire représente une femme qui était forte, une femme qui aime ardemment et possède une grande énergie, comme bien souvent dans les mythes historiques. Le côté fictif de l’histoire est en continu dans In Waking (…) avec les trois principaux personnages que sont Légion, Antigone, et Pandore. Odyssey : (Un) dead est une histoire au sujet d’un homme qui se bat le long de son chemin d’un éventuel exil. A travers les environnements hostiles de notre monde, il fait face à différents défis qu’il doit affronter lors de son passage s’il souhaite avancer. Les défis sont les environnements eux-mêmes : des glaciers, des déserts, de vastes plaines, des forêts, des marais, des océans, chaque environnement essaie de prendre le dessus sur lui. Ce qui arrive, c’est que pour chaque environnement, cela représente une émotion différente ou bien un démon intérieur, et quand il en vient à bout, il acquiert par lui-même de la force. Certains sont plus difficiles que d’autres, et à la fin, il termine par une falaise à escalader par-dessus un océan noir. C’est aussi loin que je suis allé avec ce nouvel album que tu peux écouter et donc lire jusqu’à aujourd’hui. Cela m’a aussi été en partie inspiré par mes lectures du Bardo Thödol (ou Le Livre Tibétain Des Morts). C’est étrange comme cela est survenu en fait. J’avais longtemps lu ce genre de choses étant donné que j’aime étudier toutes les religions du monde. Ce livre parle du voyage que tu fais après la mort, mais avant le "Nirvana" ; cela explique les différents endroits étranges et les créatures que tu rencontres, et comment les dépasser. C’est la période entre la mort et la renaissance. En fin de compte, tu réalises que c’est en référence avec les méandres de ton esprit et les choses auxquelles tu fais face durant ta vie, en fait. Nous voulions montrer comment nous comprenons la nature dans toute sa puissance et sa splendeur autant que la vision de nos propres esprits, et on essaie de défier les gens de les explorer sincèrement. Selon nous, la compréhension de soi est le plus grand voyage que l’on peut accomplir…

Êtes-vous d’accord avec moi si je vous dis que votre musique est un mélange subtil de Death Metal, de Deathcore parfois, et de Black Metal symphonique et mélodique ?
Jordan : Non, plus de Deathcore (rires) !! Ouais, c’est une description assez juste. Je sais que sur notre précédent album, nous avions plus de vibration Deathcore, mais depuis nous avons ajouté de nouveaux ingrédients avec les nouveaux membres, cela a vraiment aidé à faire évoluer notre son vers quelque chose que nous aimons beaucoup plus. Le précédent line-up a beaucoup contribué au son plus antérieur et l’ancienne orientation.
Sara : Nous essayons principalement de nous concentrer à être le plus atmosphérique et aussi heavy que possible. Si nous avions à donner un nom, oui ce serait quelque chose comme « Atmospheric Blackened Death Metal ».

Les claviers sont très importants dans votre musique justement pour créer certaines atmosphères. Quelles fonctions et importances leur accordez-vous ?
Jordan : Les claviers jouent un grand rôle dans notre musique, tout spécialement sur Odyssey : (Un)dead. Notre premier album, In Waking (…), était un peu moins chargé en claviers, dû au fait que nous n’avions pas encore vraiment calculé ce que nous voulions alors en faire. Quand fut venu le moment d’écrire le nouvel album, nous nous sommes séparés d’Alana, étant donné qu’elle voulait poursuivre avec d’autres groupes. Mais comme cela avait changé, Jared fit des choses avec plus de sens, plus de feeling pour nous, alors qu’Alana n’était peut-être pas la meilleure collaboratrice pour ces compositions. Jared a réellement apporté de la vie à nos chansons et a donné l’atmosphère dont nous avions besoin tout comme il a rendu les claviers beaucoup plus prédominants, un instrument compétent dans notre musique. 

Sur certains morceaux, il y a des chants clairs masculins et féminins. Ils sont mystérieux mais on a l’impression qu’ils sont fortement mixés avec comme des arrangements synthétiques… Pouvez-vous me dire qui chante exactement (homme, femme) et honnêtement, avez-vous utilisé des Pro-Tools et des sons par ordinateur ?
Jordan : L’organisation vocale de notre groupe est la suivante : John est le chanteur principal pour les principaux cris et chant death que tu entends ; moi, Jordan, je fais la voix démoniaque ; Sara fait le chant féminin clair (à l’exception de deux titres). Nous avons ressenti qu’en ayant l’approche suivante au niveau des voix, cela donnerait à nos chansons plus de profondeur et ajouterait une touche sonore personnelle que tu as donc constatée. En ce qui concerne la part des Pro-Tools dans notre musique, au sujet de ta question, tout ce qui est chanté sur l’album a bel et bien été chanté en fait, et non fabriqué. Je veux dire, soyons clairs, n’importe quelle personne qui dit qu’elle n’utilise aucune forme de matériel pour certaines corrections de ton, de notes, en enregistrement, est en train de te mentir d’une manière flagrante. Excepté ce groupe, là, Brighteyes… Hé ! Des gens préfèrent parfois le son d’un sac de chats que tu secouerais et écraserais contre un mur (rires) ! Soit un logiciel correcteur est supposé être utilisé pour cela, pour corriger certaines notes, soit le groupe est pointu et méticuleux ou bien fainéant au point de ne pas faire le reste pour la tonalité des chansons jusqu’au bout. Personnellement, ma voix comporte certains effets synthétiques, mais cette voix est destinée à être une voix narrative qui fait peur, par opposition aux cris plus classiques ou aux autres chants présents.

Pour conclure, quels sont les projets de The Breathing Process autour de ce nouvel album cette année et dans le futur ? Et va-t-on pouvoir enfin vous voir en France ?
Jordan : Nous programmons de tourner pas mal pour ce nouveau disque. On devrait finalement faire une tournée européenne vers la fin de l’été cette année. Et oui, cela devrait inclure la France. Nous sommes fiers de nous sur nos concerts and sommes des gens très différents sur scène, c’est assurément un spectacle qui vaut la peine d’être vu. C’est un bain de sang (rires) !


THE BREATHING PROCESS – Odyssey : (Un)Dead
Siege Of Amida Records / La Baleine



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